« Ensemble, initions et développons l’accès aux soins dentaires des personnes en situation de handicap ». Telle est la vocation de l’association régionale Rhapsodif (Réseau HAndicap Prévention et Soins Odontologiques D’Ile de France), créée par des parents, des chirurgiens-dentistes, des directeurs d’établissements médico-sociaux et des représentants du milieu associatif.
Rhapsod’if, qui fêtera le 11 mars 2020 ses 12 ans, a conçu un programme de soins et de prévention bucco-dentaire avec le soutien de professionnels engagés afin de proposer des réponses concrètes et des solutions adaptées du parcours de soins des personnes en situation de handicap. Comme le confirment plusieurs rapports (Rapport de Denis Piveteau, Pascal Jacob, HAS), il est manifeste que l’accès aux soins des personnes en situation de handicap est insuffisant, notamment l’accès aux soins primaires tels que : l’accès à la médecine générale, aux soins bucco-dentaires, et à la santé gynécologique pour les femmes en situation de handicap. Or, comme le rappelle le Dr Aude Monnier, présidente de l’association Rhapsodif : « une bonne santé dentaire est un élément indispensable à la santé générale et pourtant on relève que l’état de santé bucco-dentaire d’une personne en situation de handicap s’aggrave avec l’âge et devient dès l’adolescence très nettement inférieur à celui de la population générale. »
Aussi, l’objectif du réseau est de mutualiser les compétences des praticiens partenaires afin d’offrir un accès privilégié aux patients en situation de handicap et trouver l’offre de soins la plus adaptée pour éviter toute rupture dans le parcours. Pour répondre à cet objectif, les professionnels de santé du réseau proposent une offre de soins graduée, participent aux actions de prévention dans les établissements sanitaires et médicaux-sociaux, forment les nouveaux chirurgiens-dentistes à la prise en charge des soins des personnes en situation de handicap.
La cellule de coordination basée à Maisons Alfort, oriente et régule le flux des patients en respectant les spécificités de chaque chirurgien-dentiste. Elle permet également d’assurer le soutien aux professionnels en difficultés grâce aux échanges avec les pairs, de partager avec les membres du réseau des outils d’aide à la prise en charge, comme le dit Christine Chatelain Porte, coordinatrice soin et prévention : « nous proposons plus qu’une simple cartographie des praticiens ».
Une compensation financière est aussi proposée pour les consultations qui ne sont pas éligibles à la nouvelle codification CPAM YYYK183. Il s’agit des consultations réalisées pour des patients non-détenteurs de l’Allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) ou la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) et des deux séances sans soin permettant aux patients de s’habituer au professionnel (séances « d’habituation » qui sont parfois fondamentales dans la prise en charge).
Aujourd’hui, le réseau Rhapsodif, soutenu dans son action par l’ARS et les conseils de l’ordre aussi bien nationaux que régionaux ou départementaux, souhaite développer de nouveaux projets ambitieux dans le domaine de la prévention et offrir un parcours de soin toujours plus adapté au patient en situation de handicap… La réussite de cet enjeu ne pourra se faire qu’en fédérant de nouveaux chirurgiens-dentistes autour d’un objectif commun : « faciliter l’inclusion dans le droit commun de tous les patients en situation de handicap ». Il s’agit avant tout pour les praticiens de « dépasser son quotidien de cabinet, de le décloisonner », cela peut faire peur mais au-delà de la reconnaissance qui se trouve dans le sens donné à son métier de soignant, il s’agit d’une dynamique, d’un nouveau souffle qui implique tous les acteurs du terrain aussi bien les libéraux, que les centres de santé et les centres hospitaliers.